lundi 27 juin 2011

Conseil Citoyen / accompagnement solidaire: besoin, terminologie et sclérose

Vendredi 24 juin se tenait à l'espace de coworking de la Piquerie à Lille le premier débat public sur le concept de Conseil Citoyen. Autour de la table, entrepreneurs sociaux, gestionnaires de projets associatifs (en interne ou en tant que prestataires indépendants), gens du libres, milieu universitaire, ancienne d'un cabinet de conseil. Absence des institutionnels et associations, malgré l'invitation.

Un vide qui ne manque pas d'interpeler. Au-delà du besoin en accompagnement des structures de l'ESS, notamment les associations, qui nécessitent de façon flagrante en France une remise à niveau organisationnelle et RH (combien disent manquer de bras pour faire le travail?), un recentrage de la stratégie et de la gouvernance par rapport aux valeurs qui ont initié leur création (combien ne respectent plus leurs propres valeurs dans leurs actions quotidiennes?), et enfin et surtout une réflexion autour des nouvelles modalités de financement possibles / de l'autofinancement (notamment face à la diminution des fonds publics: combien d'association meurent aujourd'hui par manque de moyens?), la conscience de ce besoin n'y est pas.

Pire, les structures accréditées DLA ont beau être débordées par les demandes, l'idée persiste en France que les créateurs des associations du premier jour, ou les nouveaux militants politiquement engagés et présents sur tous les fronts, sont les seuls à avoir l'âme nécessaire pour gérer les associations: un juste milieu serait donc impossible? Le métier de gestionnaire de projets, culturellement rejeté par un large pan du milieu de l'ESS, est relégué au plan de vaste opération marketing, de charlatanisme moderne. Quant au "Conseil", incarné par les grands cabinets qui cherchent ouvertement à surfer sur un mouvement en vogue pour augmenter leurs profits et ceux de leurs clients, il représente dans les esprits associatifs la main du capitalisme rampant qui viendra les compromettre. (Voir ici le discours d'un cabinet de Conseil concernant les "opportunités" du développement durable)

En regard, l'association croit plus que jamais au bénévole. Le bénévole, travailleur gratuit se donnant corps et âme, montre son vrai dévouement à la cause par son geste totalement désintéressé. Peu importe sa (non) qualification initiale, son âge (avancé), son (non) dynamisme, sa disponibilité (réduite) : sa motivation fera le reste. Il saura, c'est absolument certain, trouver un moyen de redresser financièrement l'association, d'animer un réseau de partenaires, de créer un site internet. Vraiment ? Entre péril financier et idéologie sclérosée, beaucoup d'associations se meurent par faute d'investissement (en temps et en salaires) dans les ressources humaines qui leur correspondent. Des ressources humaines professionnelles, formées, expérimentées, rapides, efficaces - et, qui plus est, qui s'engagent pour l'ESS au point d'essayer d'en vivre financièrement, comme un artiste préfèrera vivre de ses toiles plutôt que de travailler toute la journée pour une agence de publicité et de peindre à temps perdu en rentrant chez lui (tard) le soir.

Le nouveau travailleur de l'ESS a qui plus est le tord d'être souvent jeune, et d'être souvent femme (chiffres 2009). Des conditions qui sont elles aussi porteuses de préjugés dans la France de 2011.

L'accompagnement des structures de l'ESS, en France, ne pourra donc se faire en 2011 que dans la finesse. En se faisant discret, adaptable et facilitateur. Par exemple, par des coopérations temporaires, comme celles prônées par Thanh Nguiem, où le travailleur s'inscrit comme salarié dans un contexte de moyen-terme plutôt que sur un projet de court-terme. En commençant, s'il faut, par un travail "à perte" comme bénévole, en avançant par exemple l'idée d'une possible embauche s'il trouve lui même le financement pour ce faire. Et sans jamais oublier à quels préjugés il fait face, souvent uniquement en raison de sa formation de gestionnaire de projets (Sciences Po, IAE, écoles de commerce...), qui le place immédiatement dans la catégorie des "technocrates", quelque soit sa motivation profonde, humaniste et éthique.

Faire un travail efficace en accompagnant le changement auprès des structures qui "font sens" tout en réussissant à vivre de ses convictions humanistes et de son travail pour la cause: c'est le défi des travailleurs de l'"accompagnement solidaire". Il leur faut pour se faire s'affranchir des règles tacites et injustement perçues comme universelles de la concurrence, de la compétition et de la méchanceté de l'homme. L'homme mord quand on l'attaque, comme tous les animaux; il a peur. Il faut réduire cette peur à néant pour vraiment collaborer. Se faire petite souris et croire que le lion ne vous attaquera pas; rappelez vous Jean de La Fontaine.

Sans oublier un travail de long terme sur la pérénisation des structures associatives à travers un nouveau modèle économique: celui des écosystèmes permettant de co-financer des projets, celui des échanges de services entre associations sur le modèle du troc, des synergies coopératives comme le partage de lieux de travail ou même de salariés, des nouveau modèles de financement comme le crowdfunding ou encore des solutions "simples" d'autofinancement, comme l'organisation d'événements grand public contre participation libre. Croire que l'État doit à tous prix soutenir à 100% les structures de l'ESS c'est oublier que l'État en question n'est que l'intermédiation que les citoyens se sont choisie pour mener leur démocratie indirecte. Il est possible, aujourd'hui, de joindre directement les citoyens sans l'intermédiation institutionnelle: pourquoi s'en priver ?

Quant à la question du "Conseil Citoyen" comme activité menée par les associations auprès des grands groupes privés ou des gouvernements pour instiller dans l'ensemble de la société les valeurs qui portent aujourd'hui l'ESS, elle ne pourra se faire que dans une éthique sans compromis toujours difficile à mettre en place lors d'un partenariat avec des structures cherchant la croissance et le profit.

lundi 20 juin 2011

Ashoka - les jeunes acteurs de changement

Comment promouvoir les jeunes en tant qu'acteurs de changement?

C'est la question principale qui a émergée de la réflexion collective du "cluster" (atelier de travail) Jeunesse de se déroulant le 20 juin, au cours de la semaine des acteurs du changement d'Ashoka. 30 participants, 10 pays représentés, 5 heures de discussion, pour constater l'urgente nécessité, dans nos sociétés occidentales, de changer le regard de la société sur les jeunes en les considérant comme véritables partenaires.

Leur offrir des espaces de dialogue, promouvoir leurs projets en les considérant comme responsables, autant d'idées qui voient déjà le jour à travers diverses initiatives en France, avec des actions comme celles du Moovejee (Mouvement pour les Jeunes et les Étudiants Entrepreneurs) ou du Service Civique initié par Unicités, et ailleurs dans le monde, jusqu'au Canada, mais aussi en Pologne ou en Norvège.

Et aussi promouvoir la prise de risque et le droit à l'erreur: un véritable changement de mentalité.

NéoPro s'est voulu facilitateur bénévole grâce à 5h d'affilée de traduction simultanée français / anglais. Une manière d'apporter sa pierre à l'édifice du changement social et sociétal en cours.

Plus d'infos en vidéo ici.

jeudi 2 juin 2011

États Généraux de l'ESS: porter nos convictions vers le politique

Le 8 juin à Lille et les 17, 18 et 19 juin à Paris auront lieux les États Généraux de l'ESS. Pour la première fois, un mouvement national se met en place pour porter vers le politique, avant les présidentielles de 2012, les aspirations de ceux qui croient à l'Économie Sociale et Solidaire, une "économie respectueuse de l’humain et de l’environnement."

Par sa présence au Palais Brongniart, NéoPro adhère et participe à ce triple pari: "Élargir progressivement le cercle des acteurs mobilisés pour convaincre les citoyens de l’utilité et de la crédibilité de l’ESS tout en influençant les décideurs."

mardi 24 mai 2011

Le mois de l'ESS en novembre: ça se prépare déjà

Jeudi 26 mai, NéoPro participe à Lille à la première réunion de préparation de la 4ème édition du mois de l'ESS, qui se déroulera au mois de novembre 2011. Une occasion pour la CRESS et l'APES de présenter les objectifs de cet événement initié à l'origine par le CNCRES.

Au programme:
- Présentation du Mois de l’ESS (objectifs, intérêts, organisation régionale…)
- Présentation de l’Edition 2011 (spécificités, contexte, thématiques)
- Exemples de manifestations (manifestations exemplaires )
- Ressources et outils
- Partenariats potentiels

"Le meilleur moyen de se préparer à atteindre un objectif, c'est de s'imaginer qu'on l'a déjà atteint."
- Dominique Glocheux, éditeur français. -

"J'ai beaucoup mieux à faire que m'inquiéter de l'avenir. J'ai à le préparer."
- Félix-Antoine Savard, écrivain québécois -

lundi 16 mai 2011

NéoPro à la conférence de presse sur l'ESS en NPC

Le 16 mai 2011 avait lieu dans le vieux Lille la conférence de presse sur l'ESS en NPC venant dévoiler l'accord cadre pour la mise en oeuvre d'un Contrat d'Etudes Prospectives dans l'Economie Sociale et le Nord Pas de Calais. Cadre très luxueux et champagne pour un secteur d'activité jouant l'humilité.

Une occasion d'écouter le représentant de la DIRECCTE, de la CRESS et des syndicats s'exprimer sur les conditions de vie des travailleurs de l'ESS: précarité de l'emploi, âge de stabilisation de l'emploi plus élevé, emplois occasionels. Mais aussi passion, collaboration, éthique.

Espérons que l'EDEC, Engagement de Développement des Emplois et des Compétences, sera comme prévu suivi d'une ADEC, Action de Développement des Emplois et des Compétences, dans le cadre de ce CEP, Contrat d'Étude Prospective. Ne perdons pas le contenu dans les acronymes!